Dialogues Interdits – Épisode 6 – Père Noël Pervers

Dialogues Interdits, ou les conversations subversives et légères de deux personnages. Une série d’histoires complètes, dont les épisodes peuvent se lire dans n’importe quel sens.
Chaque samedi matin à 9 H, retrouvez un nouvel épisode de Théo Kosma.

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– Vraiment !?
– Parole.
– Fiouuu… ben ma louloutte ! Y’a pas à dire, découvrir que le Père Noël n’existe pas en le surprenant dans le lit de ta mère, c’est radical.
– Le pire c’est que derrière la barbe blanche et le bonnet rouge, ce n’était pas mon père mais le voisin.
– Si tu ne l’avais pas reconnu, tu aurais pu continuer à croire en te disant que papa noël était juste un chaud lapin, non ?
– Impossible ! J’avais toujours vu le personnage comme un modèle de sagesse et de morale. Toute l’année, je m’efforçais de ne pas faire trop de bêtise et de bien obéir par crainte du jugement dernier… enfin, du jugement de fin décembre. À mes yeux, on ne pouvait pas tricher avec lui : il voyait tout, savait tout !
– Tu le considérais comme le Christ.
– Un modèle tel que lui attrapant ma mère à quatre pattes ! Il ne pouvait qu’y avoir mensonge sur le produit.
– Tu ne t’es pas dit que c’était un faux Père Noël, et que le vrai existait ?
– Non plus. C’était le même qui venait depuis que j’étais toute petite.
– Remarque, de mon côté la révélation fut encore pire. Vers mes dix ans, son image s’est mise à me faire fantasmer.
– Tu y croyais encore à dix ans ?!
– Oublies pas que j’ai connu l’époque sans mobiles et sans Internet. À la campagne, on pouvait y croire jusqu’à douze ou treize ans.
– Il paraît que dans certains villages, ils la jouaient à fond : traîneau, rennes… De quoi rendre la légende crédible.
– Pas dans le mien. À la maison c’était comme un peu partout : je m’endormais le soir, et hop le matin il était passé. On ne se compliquait pas la vie plus que ça ! C’était à la fois super excitant et horriblement frustrant.

Je faisais tout pour rester éveillée jusqu’à l’aube, et je finissais toujours par me faire avoir par le sommeil. J’étais si tenace que maman que mettais un somnifère dans mon bouillon du soir : elle me l’a avoué l’année dernière, la salope.
– C’était pour ton bien. D’autant que tu fantasmais sur le Père Noël.
– Je rêvais qu’il vienne me baiser. J’en rêvais encore plus que des cadeaux ! J’ai fini par le lui écrire.
– Parce que c’est possible, ça, écrire au Père Noël ?
– Je connais même son adresse par cœur : sept allée des nuages, pôle nord. En fait, c’est un service spécial de la poste qui ouvre chaque année. Toutes les lettres d’s avec « Père Noël » sur l’enveloppe sont envoyées au même endroit. Sûrement pas au pôle nord. Ce sont des employés qui sont chargés de répondre. Le problème, c’est que ma lettre a été ouverte par un employé pervers. Qui m’a répondu qu’effectivement il passerait le soir de noël pour me baiser, et que je ce serait notre secret, que je ne devait rien dire à maman.
– La réponse t’a pas fait paniquer ?
– Tu rigoles ? J’étais aux anges. Coucher avec le Père Noël, tu imagines ? Un peu le rêve de toutes les petites filles. On s’est échangés quelques courriers bien bouillants. Le soir, je tenais ses réponses dans une main, et de l’autre je me caressais. Je lui racontais ça, puis mes rêves érotiques, ce que j’aimerais qu’il me fasse, tout ça.
– Mon dieu… Est-ce qu’il avait l’intention de venir t’agresser ?
– Apparemment pas. Il voulait juste délirer.
– N’empêche que c’est interdit par la loi.
– Au lendemain de noël, j’étais en rage. J’ai même pleuré. Les parents ne comprenaient pas, parce que mes cadeaux étaient vraiment chouettes. J’ai fini par leur avouer que papa noël devait venir me baiser, qu’il ne l’avait pas fait et que je ne comprenais pas pourquoi. Tout a été découvert. Lecture des lettres, commissariat, interrogatoire. J’étais terrorisée ! Je pensais avoir commis quelque chose de mal, qu’on allait me mettre en prison.
Heureusement le flic qui m’a parlé était gentil, il m’a expliqué que ce n’était pas ma faute. Le responsable a été viré, fiché.
– Il n’a pas eu d’autres ennuis ?
– Je ne sais pas exactement. Si, peut-être. Toute façon je n’ai jamais su qui c’était. Ça vaut mieux ainsi.
– Tu es parvenue à tourner la page ?
– Oui et non. Chaque noël, j’ai coutume de demander à mon petit copain de se déguiser pour venir me sauter dans le noir, avec un peu de suie sur lui pour faire genre il est descendu par la cheminée.
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